Réintroduction d’un pesticide interdit : un danger pour l’environnement et les abeilles

Le 27 janvier 2025, le Sénat a pris une décision qui résonne comme un coup dur pour la biodiversité et l’avenir de nos écosystèmes : la réintroduction, à titre dérogatoire, d’un pesticide autrefois interdit, l’acétamipride. Cette mesure, bien que présentée comme une solution temporaire pour soulager certaines filières agricoles, est loin d’être une bonne nouvelle et au Jardin de Beyla, nous ne pouvons rester silencieux face à une telle décision.

Un pesticide toujours présent en Europe

L’acétamipride, interdit en France depuis 2018 en raison de sa toxicité pour les pollinisateurs, dont les abeilles, reste pourtant autorisé dans plusieurs pays de l’Union européenne et ce jusqu’en 2033. Utilisé notamment pour la culture de la betterave et de la noisette, il suscite un débat au sein des filières agricoles françaises. Ces dernières dénoncent une « surtransposition » de la réglementation, estimant qu’elle les désavantage face à leurs concurrents européens encore autorisés à l’employer durant les années à venir.

Un débat politique sous tension

Cette décision a relancé les divisions au Sénat. La gauche dénonce « un retour en arrière de plus de dix ans » en matière de protection environnementale. Certains sénateurs, comme Laurent Duplomb, estiment au contraire que cette interdiction était une erreur, parlant d’un « abrutissement » des filières concernées.

De son côté, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a tenté de rassurer en évoquant une « dérogation strictement proportionnée », tout en mettant en garde contre les risques d’inconstitutionnalité d’un retour définitif de cette substance.

Une menace pour les abeilles et la biodiversité

Nous savons que les abeilles ne sont pas simplement des petites créatures mignonnes qui butinent de fleur en fleur. Non, elles sont des actrices incontournables de notre écosystème, jouant un rôle crucial dans la pollinisation de nos cultures et la préservation de la biodiversité. Chaque pesticide utilisé, chaque produit chimique épandu dans les champs, se retrouve inévitablement dans l’environnement.

Nos abeilles, déjà fragilisées par de multiples menaces comme les maladies, le changement climatique, les parasites et la perte de leur habitat naturel, se retrouvent une fois de plus en première ligne.

Réintroduire un pesticide interdit, c’est mettre en péril non seulement nos récoltes mais aussi nos précieuses pollinisatrices. Les risques sont réels : empoisonnement des abeilles, dégradation de leurs capacités de pollinisation et au final, un grand impact sur l’ensemble de la chaîne alimentaire.

L’agriculture durable, un rêve de plus en plus lointain

L’agriculture, aujourd’hui plus que jamais, doit se réinventer. La solution ne réside pas dans le recours à des produits chimiques qui détruisent l’environnement mais bien dans la recherche d’alternatives écologiques et durables, afin de préserver le monde de demain. Les agriculteurs, tout comme les apiculteurs, doivent être soutenus dans cette transition mais cela ne doit pas passer par un retour en arrière sur les progrès réalisés ces dernières années.

La réintroduction de ce pesticide est un signal inquiétant, un message négatif envoyé à ceux qui œuvrent chaque jour pour une agriculture respectueuse de l’environnement. Ce n’est pas seulement une mauvaise décision pour l’apiculture, c’est une mauvaise décision pour la Terre.

Un appel à la responsabilité

En tant qu’apiculteurs, nous nous engageons à préserver nos abeilles, à soutenir des pratiques agricoles qui respectent la nature et à promouvoir des solutions durables. Hélas, c’est une longue bataille et elle ne se gagne pas sans aide. Nous devons tous, producteurs, consommateurs et institutions, exiger les bons choix. La réintroduction d’un pesticide tel que l’acétamipride est un pas en arrière et il est temps de se demander quel avenir nous souhaitons léguer à nos enfants et à notre planète.

Nous appelons à la mobilisation, à la réflexion et, surtout, à l’action. Il est encore temps de changer le cours des choses et de privilégier une agriculture saine et responsable. Les abeilles comptent sur nous et nous comptons sur vous pour faire entendre cette voix.