Depuis des millénaires, les abeilles jouent un rôle crucial dans notre écosystème, principalement par la pollinisation. Toutefois, une nouvelle facette de ces insectes fascinants est en train de révolutionner le domaine de la santé : l’utilisation des phéromones des larves d’abeilles (PhLA) pour traiter l’asthme. Cette pratique, émergente mais prometteuse, est actuellement en cours de maturation et suscite un intérêt croissant au sein de la communauté scientifique.
Origines et état de l’art
L’idée d’utiliser l’air des ruches pour traiter des maladies respiratoires n’est pas nouvelle. En Ukraine, cette méthode est pratiquée depuis 70 ans. Des cabanes spéciales sont construites, sous lesquelles sont placées des ruches. L’air chaud et chargé de PhLA est ensuite aspiré et dirigé vers un masque d’inhalation pour le patient. Cette technique, bien que peu orthodoxe, a montré des résultats surprenants en termes d’amélioration des symptômes respiratoires.
Cette technique s’est répandue en Europe, notamment en Autriche et en Allemagne, où elle est utilisée non seulement pour traiter les humains, mais aussi, secrètement, pour soigner des chevaux de course. Les effets rapportés incluent la diminution des symptômes de rhume des foins et des allergies, ainsi que des migraines. En Autriche, H. Hüttner utilise cette méthode depuis plus de 30 ans, tandis qu’en Allemagne, Mme Sauter rapporte une absence totale de rhume des foins et d’allergies aux fruits à noyaux après avoir suivi ce traitement.
Composition chimique de l’air des ruches
Phéromones volatiles et non volatiles
Les phéromones des larves d’abeilles jouent un rôle essentiel dans la régulation du comportement des ouvrières. Parmi les principaux composés identifiés, on trouve :
- e-béta-ocimène : une phéromone volatile qui mobilise les ouvrières pour augmenter la collecte de pollen. Cette molécule, un mono terpène, a une odeur citrique chaude et florale, rappelant certaines plantes aromatiques comme le basilic. Elle est sécrétée par les très jeunes larves et incite les ouvrières, même les plus jeunes, à anticiper les besoins nutritionnels en protéines de la colonie.
- méthyl palmitate : induit l’operculation des cellules pour que les larves se transforment en nymphes. Ce composé a démontré des effets anti-asthmatiques sur des modèles animaux. Sur les souris, le méthyl palmitate a contre-carré l’asthme induit par une allergisation au blanc d’œuf.
- méthyl stéarate : utilisé en industrie comme excipient en galénique pour ses propriétés solubilisantes et émulsionnantes, il pourrait renforcer l’activité des autres phéromones dans la colonie.
- méthyl linoléate et méthyl linolénate : ces esters induisent l’operculation des cellules avant la nymphose des larves. Le méthyl linolénate, cependant, rend les larves attractives pour le parasite varroa, agissant comme une kairomone (phéromone qui induit le parasitisme).
- méthyl oléate : comme les autres esters méthyliques, il joue un rôle dans l’operculation des cellules avant la nymphose.
Méthylation et modulation génomique
Les phéromones des larves influencent également l’expression des gènes chez les abeilles. Par la méthylation des cytosines et des adénines, elles modulent les gènes liés au comportement social de la colonie, un processus bien étudié par l’équipe de yves le conte de l’inra d’avignon. Les groupes méthyles des phéromones procèdent à cette modulation, affectant des processus tels que le butinage et la répartition des tâches au sein de la ruche.
Mécanismes d’action sur l’asthme
Études précliniques
Le méthyl palmitate, une des phéromones clé, a été étudié sur des modèles animaux pour son potentiel à traiter l’asthme. Une étude publiée par can temiz et al. en 2015 a montré que ce composé réduit l’inflammation pulmonaire et l’épaississement des tissus épithéliaux chez des souris asthmatiques, comparativement aux traitements stéroïdiens. Cette étude a démontré que le méthyl palmitate pouvait réduire de manière significative le taux d’interleukine 5 (il-5), une cytokine pro-inflammatoire, à des niveaux comparables à ceux observés avec les stéroïdes.
Essais cliniques et observations
L’inhalation des phéromones des larves d’abeilles a également été testée cliniquement. Une étude conduite par le dr. janos körmendy-racz en hongrie sur 50 enfants asthmatiques a révélé que 40% des participants étaient en rémission totale après six mois de traitement, tandis que 47% ont montré une amélioration notable. Seuls 9% des enfants n’ont pas montré de changement significatif, et un faible pourcentage (4%) a rapporté un effet néfaste, principalement lié à une phobie des insectes.
Un autre cas, celui de nathalie, une femme asthmatique depuis 13 ans, a montré une amélioration significative après plusieurs séances d’inhalation. Ses scores d’auto-évaluation de l’asthme sont passés de 19 à 7, indiquant un meilleur contrôle de l’asthme. Elle a pu progressivement arrêter son traitement de fond et a retrouvé une qualité de vie nettement améliorée, notamment en pouvant de nouveau pratiquer des randonnées qu’elle ne pouvait plus effectuer auparavant.
Protocoles de traitement
Séances régulières
Pour maintenir les bienfaits du traitement, il est recommandé de suivre un protocole régulier. Cela peut inclure une à trois séances par semaine tout au long de la saison apicole. Le rythme des séances doit être adapté en fonction du ressenti de la personne. Cette approche régulière permet de diminuer le seuil de déclenchement des symptômes asthmatiques et de maintenir une meilleure santé respiratoire.
Cures intensives
Une alternative consiste à effectuer des cures intensives une ou deux fois par an, comprenant deux séances d’air des ruches par jour pendant une semaine, combinées avec des soins visant à réduire le stress, tels que des massages bien-être et de la balnéothérapie. Ces cures intensives peuvent offrir un soulagement rapide et prolongé des symptômes asthmatiques, nécessitant toutefois une planification et un engagement à court terme.
Protocole de l’étude observationnelle
Un protocole d’étude observationnelle implique de réaliser 15 séances en moins de trente jours, idéalement en une semaine. Chaque séance d’inhalation dure 30 minutes et il est recommandé de faire deux séances par jour, espacées d’au moins deux heures. Les outils d’évaluation incluent un questionnaire d’auto-évaluation de l’asthme par le patient et le suivi de l’évolution avec un peak flow, un dispositif de mesure de la vitesse expiratoire maximale.
Conclusion
L’utilisation des phéromones des larves d’abeilles pour traiter l’asthme représente une avancée prometteuse dans le domaine des thérapies naturelles et alternatives. Bien que cette pratique nécessite encore des recherches approfondies et une validation clinique plus large, les résultats préliminaires sont encourageants. En combinant les connaissances apicoles et scientifiques, cette méthode pourrait offrir une solution innovante et efficace pour les personnes souffrant d’asthme.
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